À travers la création de leur oliveraie et leur moulin en Uruguay, Laura et Gonzalo de Olivares de Santa Laura nous font découvrir ce que représente l’HOVE dans leur pays, quels sont les enjeux de sa culture, … L’huile d’olive Olivares de Santa Laura sera présente lors de la première édition des Olio Nuovo Days South Hemisphere, les 20 et 21 juin 2019; Un parcours, un concours, une masterclass autour de l’huile d’olive nouvelle venant des pays producteurs de l’hémisphère sud.
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Catégorie : Oléotourisme
Spécial Expoliva édition 2019
Le salon biennal et international Expoliva, grand événement dédié à l’huile d’olive et au secteur oléicole a eu lieu cette année au mois de mai à Jaén, capitale mondiale de l’huile d’olive. Parmi 11 pays et 180 huiles qui ont intégré cette grande exposition à l'échelle internationale, cinq producteurs français ont été sélectionnés pour représenter la production française au salon Expoliva virgen extra et une dégustation ouverte au public a eu lieu le mercredi soir. J’ai le plaisir d’avoir été invitée pour guider la dégustation et faire découvrir deux huiles représentatives du verger français. Retour sur cet oléoutour de 4 jours en Andalousie.
Histoire ancienne et moderne de l’huile d’olive au Japon
Peu de personnes le savent en Europe, ni même au Japon, mais il existe une production d’huile d’olive sur l’archipel nippon ! Principalement concentrée dans la préfecture de Kagawa, et plus précisément sur l’île de Shōdo, cette culture a commencé il y a plus de cent ans, peu après l’ouverture du pays sur le monde extérieur. Tour d’horizon de ce siècle d’existence avec Kubota Takeyasu, Directeur de l’Institut de Recherche Olélicole de Shōdoshima, et Shibata Hideaki, Chef du panel d’analyses sensorielles de ce même institut.
L’huile d’olive japonaise : quand la passion l’emporte sur la raison
Il y a 150 ans, le Japon ouvrait ses portes et ses ports au monde extérieur, et ce faisant à des cultures – dans tous les sens du terme – qui lui étaient jusqu’ici inconnues. Parmi celles-ci, les olives et leur huile, qui ont peu à peu réussi à séduire une petite frange de la population, dont quelques passionnés qui se sont lancés avec enthousiasme dans l’oléiculture. Contre vents et marées pourrait-on ajouter, car le Japon est loin d’être une terre hospitalière pour l’olivier.
BRÉSIL : La famille Albornoz
Au tout début de l’historie de l'huile d'olive vierge extra Albornoz, il y a deçà 30 ans, la famille Albornoz a commencé avec un élevage d'Angus et des plantations de riz et de soja. C'est en 2013 que l'entreprise familiale se diversifie et se lance sur le marché fruitier avec le projet audacieux de planter des noyers et des oliviers au Brésil. Depuis lors, l'entreprise est dirigée par les femmes de la famille, à sa tête la matriarche Margarida Albornoz Ferreira. Le projet compte aujourd'hui 220 hectares plantés 4 variétés d'oliviers ont été plantés (arbequina, arbosana, koroneiki y coratina). En 2019, les premiers produits de la Casa Albornoz seront commercialisés et pour son lancement l’huile d’olive vierge extra Albornoz sera présente lors de la première édition des Olio Nuovo Days South Hemisphere, les 20 et 21 juin 2019; Un parcours, un concours, une masterclass autour de l’huile d’olive nouvelle venant des pays producteurs de l’hémisphère sud. Beau programme! En attendant de déguster l'huile d'olive Albornoz, je vous laisse avec quelques posées à Maria Virginia y Ana Luiza Albornoz Ferreira sur l'oléiculture au Brésil.
Long Jin Yuan – Chine
- Producteur : Wang Rui
- Marque : Long Jin Yuan
- Année : 2015
- Lieu : Longnan, Gansu, Chine
- Oliveraie : 130 hectares
- Variétés : Arbequina, Hojiblanca, Picual, Koroneiki
- Récolte : d’octobre à novembre, à la main
- Production : 300 000 L par an
- Autres produits : infusion d’olivier, vinaigre, liqueur et vin d’olive
- Spécificités : possède sa propre pépinière d’oliviers
Nouveaux entrants de l’huile d’olive chinoise, déjà si grands !
Le long d’une grand avenue grisâtre de la ville de Longnan, notre chauffeur s’arrête soudain sous un porche. Nous avons l’impression de débarquer chez un particulier. Oui et non, c’est aussi le siège et l’usine de Long Jin Yuan, entreprise familiale de production d’huile d’olive, qui atteint déjà près de 300 000 L d’huile d’olive par an. Mais aussi plein de produits dérivés de l’olive, disons, originaux… Rencontre avec la jeune Wang Rui.
In Olio Veritas – Pourriez-vous nous raconter un peu l’histoire de votre toute jeune entreprise ?
Wang Rui – En 2015, mon père, qui était pépiniériste à l’époque, a décidé d’étendre son activité à l’olive étant donné les incitations du gouvernement et le succès du secteur. Il a donc planté des arbres sur une centaine d’hectares dans les montagnes au dessus de chez nous, a fait construire un hangar pour y installer les deux lignes de production dans lesquelles nous avons investi, et un bâtiment pour les cuves, la mise en bouteille et le stockage. Un an plus tard, en 2016, c’était parti, nous produisions notre huile. L’année suivante, j’ai obtenu mon diplôme à l’Université d’Agriculture de Chengdu, et j’ai rejoint l’entreprise. Je m’intéresse surtout à la distribution. Aujourd’hui nous sommes près de 30 personnes à travailler pour l’entreprise.
IOV – Quelles sont les variétés de vos arbres et de vos huiles ?
Wang Rui – Ce sont principalement les nouvelles variétés espagnoles cultivées dans la pépinières de l’institut de recherche sur l’olive : Arbequina, Hojiblanca, Picual, mais aussi quelques Koroneiki. Nous mélangeons toutes les variétés lors de la récolte en novembre, donc notre huile est un mix de tout cela.
IOV – Quels produits fabriquez-vous à partir de tous ces oliviers ?
Wang Rui – Avant tout de l’huile d’olive vierge extra. Nous en produisons près de 300 000 litres par an. Mais nous avons souhaité diversifier les produits pour éviter les déchets et proposer une offre originale. Nous produisons par exemple des tisanes de jeunes feuilles d’olivier, du vinaigre d’olive, mais aussi du vin d’olive et de la liqueur d’olive, à partir des grignons que nous faisons fermenter dans de larges amphores. Nous aimons bien expérimenter, et les clients qui connaissent l’huile d’olive semblent en apprécier ses dérivés.
IOV – Pour l’instant, quels sont vos canaux de distribution ?
Wang Rui – Nous vendons dans de nombreuses boutiques ici, dans la région de Longnan, ainsi qu’à Canton et son bassin de 15 millions d’habitants. Nous avons aussi quelques débouchés à Taiwan. L’année dernière nous avons pu écouler toute notre production. Mais nous devons nous organiser pour la suite, et il faudra du monde pour soutenir l’entrée sur de nouveaux marchés dans le pays.
IOV – Quels sont pour vous les plus gros défis pour faire décoller votre entreprise ?
Wang Rui – Le marché ! La production d’huile d’olive extravierge de qualité en Chine est très prometteuse et ne cesse d’augmenter. Rien que dans le district de Wudu, nous sommes 11 entreprises, dont la majorité produit plus de 100 000 L d’huile par an. Mais la consommation ne suit pas le même rythme. Peu de Chinois font la différence entre une huile d’olive basique et une huile d’olive de qualité. Pire encore, peu de Chinois savent que la Chine produit elle-même de l’huile d’olive de qualité. Ils font plus confiance à l’Espagne ou à l’Italie. Nous ne sommes pas encore équipés pour aller sur d’autres marchés à l’international, donc nous allons participer à éduquer le marché chinois.
IOV – Merci Miss Rui. Testons donc cette huile !
Au milieu des diplômes et accréditions de l’entreprise, sous le regard curieux de nos hôtes et sage des statues environnantes, Miss Rui nous fait déguster les différents produits de leur gamme. Elle nous serre son huile d’olive vierge extra pressée il a quelques mois dans un petit verre en carton. L’huile est assez épaisse en bouche et très légère au goût. Pas d’ardence, ni d’amertume. Mais pas de défaut non plus, on sent que le produit est frais. Nos hôtes chinois n’ont pas vraiment d’avis sur la question.
>> Pour en savoir plus sur l’huile d’olive en Chine, retrouvez tous nos articles ici.
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Yu Sheng Kang – Chine
- Producteur : Pu Jianxin
- Marque : Yu Sheng Kang
- Année : 2009
- Lieu : Wudu, Gansu, Chine
- Oliveraie : –
- Variétés : nombreuses, notamment : Leccino, Koroneiki, Pendolino, Frantoio, Picual, Arbequina, etc.
- Récolte : novembre, à la main
- Production : 200 000 L par an
- Autres produits : –
- Spécificités : achat des olives aux oléiculteurs de 20 villages
Produire de l’huile d’olive dans le Gansu, un business fructueux !
Parmi les 11 grosses entreprises d’huile d’olive du district de Wudu (production >100 tonnes par an), nous avons rendez-vous ce matin chez Yu Sheng Kang, dans une zone industrielle sinitre au pied de l’autoroute qui longe le fleuve Bailong. Très loin de l’icône paysanne, ici on parle usine, business et showroom, dans un cadre assez bling-bling. Entretien avec M. Pu dans des trônes de bois sculpté.
In Olio Veritas – Quand et pourquoi avez-vous décidé de vous lancer dans l’huile d’olive ?
Pu Jianxin – Pendant des années, j’ai travaillé dans le bâtiment, ici dans la province de Longnan. Mes ouvriers étaient pour la plupart aussi agriculteurs, et j’ai découvert que beaucoup avaient des oliviers, et des olives, qu’ils ne transformaient pourtant pas faute de temps et de matériel. J’ai vu là une bonne opportunité et, comme j’avais les moyens, j’ai investi en 2009 dans cette usine avec un grand moulin Pieralisi et un bâtiment de bureaux avec un showroom. En 2010, j’ai créé l’entreprise et la marque Yu Sheng Kang et j’ai démarché des oléiculteurs de la province pour leur proposer de collaborer.
IOV – Donc vous avez une chaine de production et une marque, mais pas d’oliviers en propre, c’est bien cela ?
Pu Jianxin – Oui, le fonctionnement est simple : au moment de la récolte, de fin octobre à fin novembre, les paysans partenaires viennent à l’usine pour me vendre leurs olives. En 2018, j’ai acheté plus de 1 000 tonnes d’olives à des cultivateurs issus de 20 villages de la province. Ensuite, je m’occupe avec mon équipe de 40 personnes de la production d’huile d’olive extra vierge de qualité, et de la distribution en Chine, principalement dans la région du Gansu, mais aussi à Pékin.
IOV – Si ce n’est pas indiscret, quel est le prix d’achat des olives aux cultivateurs ?
Pu Jianxin – Cela dépend des variétés et de l’état des olives. La plupart des paysans ont entre 3 et 5 variétés différentes, qu’ils m’apportent mélangées. Mais d’autres arrivent à séparer, donc cela vaut plus. En moyenne, je dirais que le prix d’achat est de 6 Yuans le kilo (0,85€/kg), ce qui est positif pour les paysans, sachant que la plupart m’apportent environ 8 tonnes d’olives. C’est un bon business.
IOV – Vous semblez enthousiaste ! Comment voyez-vous le futur de l’huile d’olive en Chine dans 10 ans ?
Pu Jianxin – Dans 10 ans ? En Chine tout va beaucoup plus vite, il faut penser à 3 – 5 ans. Pour moi, l’avenir de l’huile d’olive en Chine est bon. Pour l’instant la population ne connait pas bien l’huile d’olive et ne sait pas faire la différence entre la bonne et la mauvaise qualité. Un sondage récent a montré que seuls 0,14% des Chinois achètent de l’huile d’olive. La plupart ne sait même pas qu’on produit de l’huile d’olive de qualité dans leur propre pays, ici dans le Gansu. C’est normal, puisque l’huile d’olive n’existe pas encore dans la gastronomie chinoise. Mais ça va changer ! Le gouvernement organise de grandes campagnes de publicité pour promouvoir l’huile d’olive et ses bienfaits pour la santé, et montrer que la production d’huile d’olive de qualité n’est pas réservée aux pays européens. La Chine est un grand pays et donc un grand marché potentiel pour l’huile d’olive locale.
IOV – Pouvez-vous nous montrer quelques exemples de publicité du gouvernement ?
Pu Jianxin – Bien sûr ! Regardez ce beau reportage sur notre entreprise sur CCTV. Et il y en a eu plusieurs. Il y a aussi des publicités sur les réseaux sociaux. Ils mettent les moyens financiers pour changer rapidement les habitudes de consommation locale, en mettant en avant les bénéfices et en montrant qu’ici en Chine nous faisons les choses bien : culture bio, récolte à la main, lignes de production technologiques, laboratoires de recherches, marketing, etc.
IOV – Merci M. Pu. Allons déguster maintenant, si vous le voulez bien !
M. Pu nous accompagne dans la boutique showroom, au rez-de chaussée de ses bureaux. La mise en scène est épurée et les étagères de bouteilles sont surmontées de cadres affichant les publicités de la marque Yu Sheng Kang. M. Pu nous tend des verres à pieds pour déguster son élixir de 2018. La robe dorée est belle, mais l’huile reste assez fade. Pas de défaut, mais pas une once de piquant ou d’amertume. On imagine que cela est dû à l’indifférence avec laquelle les nombreuses variétés cultivées dans la région sont mélangées au moment de la presse. Peu importe, notre hôte ne semble pas tant s’intéresser au goût, qu’à l’image !
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Shan Quan He Tao – Chine
C’est au fond des Gorges du Saut du Tigre dans le Yunnan en Chine, après des kilomètres de train et de bus, puis 9 heures de marche sur 1200 mètres de dénivelé, que nous rencontrons enfin Sean. D’origine tibétaine, sa famille est installée dans les gorges depuis plus de cinq générations et produit des noix et de l’huile de noix, dans ce village surnommé Walnut Garden. Mais depuis 5 ans, une initiative gouvernementale pousse les fermiers du coin à se convertir à l’olive. Sean s’est donc penché sur la question. Il nous partage sa vision bien trempée.
In Olio Veritas – Avant toute chose, Sean, pourriez-vous nous décrire où nous sommes ?
Sean – Nous sommes à la sortie des Gorges du Saut du Tigre, dans le petit village de Jiangbian à environ 1800 mètres d’altitude. C’est le fond de la vallée au bord du mythique fleuve Yangtze. Les montagnes des Gorges s’élèvent jusqu’à 5600 mètres d’altitude. Le Mont Enneigé du Dragon de Jade culmine à 5596 mètres précisément. Ici le terrain est plat et cultivé depuis toujours. Dans le village, certains oliviers ont près de 10 ans, mais dans les champs ils sont très jeunes, entre 2 et 5 ans.
IOV – Cette altitude et le climat de haute montagne qui va avec sont-il propices à la culture de l’olivier ?
Sean – Parfaitement ! Tout pousse ici. Il fait chaud et relativement sec toute l’année. Regardez, ce matin de février il fait près de 15°C. Il y a quelques années une étude du gouvernement a montré que la région était l’une des plus favorables de Chine pour la culture de l’olive. A l’intérieur des gorges, c’est différent : l’ensoleillement est moins bon et les arbres ont tendance à pousser très haut pour attraper le soleil. Ce qui est une galère pour la récolte.
IOV – L’implantation de l’olive ici est donc un choix gouvernemental plus qu’une évolution de l’agriculture locale ?
Sean – Oui. Depuis 5 ans le gouvernement déploie un « projet olive » qui incite chaque paysan à se lancer dans l’olivier au détriment des cultures traditionnelles de la région comme le maïs, le colza, les noix, etc. Chaque canton a sa presse en vue de produire de l’huile d’olive. Mais c’est absurde pour les paysans ! Il ne peuvent pas s’en sortir, car il faut 8 ans avant qu’un olivier ne donne le moindre fruit. Les oliviers sont là mais les paysans préfèrent se concentrer sur d’autres cultures, comme le très juteux fruit du dragon.
IOV – D’où viennent ces oliviers et de quelle formation ont pu bénéficier les paysans ?
Sean – Tous les oliviers viennent d’Israël. Je ne connais pas le nom des variétés mais je sais les reconnaître à la couleur des feuilles. Je sais que les verts foncés donneront plus de fruits que les gris. Avec les oliviers, nous avons reçu un expert Israélien qui a proposé des formations dans la vallée. Aujourd’hui les nouveaux arbres sont développés sous serre dans une pépinière du village d’à côté, Daju.
IOV – La culture de l’olivier est donc très récente. A qui est ou sera destinée l’huile d’olive ?
Sean – Aux riches ! On nous dit que l’huile d’olive est bonne pour la santé. Je ne sais même pas exactement en quoi. Mais le prix montre la préciosité et que cette huile n’est pas faite pour tout le monde. Seuls les riches dans les villes peuvent s’offrir ça. Pas les paysans d’ici.
IOV – Quel est selon vous l’avenir de l’huile d’olive dans cette région du Yunnan ?
Sean – Des grosses entreprises se sont emparées du sujet et font un réel business de l’huile d’olive en Chine, donc cela peut marcher pour eux. Mais je ne pense pas que cela aide la population locale. Traditionnellement ici on fait de l’huile de noix, qui a bien plus d’odeur que l’huile d’olive. L’olive ne peut pas égaler la noix ici, je vous le dis !
IOV – Merci Sean !
De retour chez Sean, nous visitons sa boutique. L’huile d’olive est vendue dans une fiole minuscule avec une pipette pour la consommer au goutte à goutte. L’huile d’olive est encore un produit marginal dans le Yunnan et la culture de l’olivier poussée par le gouvernement peine à motiver les paysans locaux. Mais Sean va continuer à suivre cela de près, en s’assurant que les populations locales en tirent aussi des bénéfices.
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祥宇 Xiangyu – Chine
- Producteur : Madame Yuhong Liu
- Marque : Xiangyu
- Date d’installation : 1997
- Lieu : district de Wudu, province du Gansu
- Oliveraie : 1 000 ha en propre + coopérative sur 20 000 ha
- Variétés : Leccino, Koroneiki, Pendolino, Picual, Picholine, mais aussi les variétés chinoises Ezhi-8 et Gheng’Gu-32
- Récolte : octobre et novembre, à la main
- Production : > 2 millions de litres par an
- Autres produits : une centaine de produits : olives de table sucrées, beauté & santé, accessoires en bois d’olivier…
- Spécificités : premier producteur industriel implanté dans le Gansu, et leader du marché chinois
Le plus gros producteur chinois à la conquête du monde ?
Fondée il y a 20 ans, Xiangyu a été une des premières sociétés à investir le champ alors naissant de l’huile d’olive extra-vierge en Chine, avec la qualité et la R&D comme maîtres mots, et un modèle hybride entre oliveraies en propre et système coopératif. Un pari gagnant puisque l’entreprise, qui emploie aujourd’hui 300 personnes et a récemment pris possession de nouvelles installations ultra-modernes, est le leader de l’huile d’olive chinoise. Et commence à lorgner le marché européen… Rencontre avec Yuhong Liu, présidente de Xiangyu, et fille de son défunt fondateur.
In Olio Veritas – Madame Liu, merci de nous recevoir. Pouvez-vous nous raconter l’histoire de votre entreprise Xiangyu ?
Madame Liu – Dans les années 90, mes parents ont décidé de planter des oliviers, pour leur qualité esthétique, sur leurs terres dans les montagnes du Gansu. Parallèlement, des recherches scientifiques du gouvernement ont démontré l’adéquation de la région pour la culture de l’olivier. D’autres familles suivirent l’exemple, et quand tous ces oliviers commencèrent à donner des fruits, on se rendit compte qu’il n’y avait pas de moulin pour les transformer en huile. Alors, en 1997, mon père a installé le premier moulin de la province, pour extraire l’huile de ses olives mais aussi de celles d’autres cultivateurs de la région. Ce principe de coopération est aujourd’hui encore le fondement de notre entreprise.
IOV – Donc votre huile ne provient qu’en partie de vos oliviers ?
Madame Liu : C’est bien cela. L’entreprise a aujourd’hui plusieurs centaines d’hectares d’oliviers en propre, dont une partie sert comme base de recherche scientifique sur des questions relatives, par exemple, à l’irrigation, la taille des arbres, la fertilisation des sols, etc. Mais la majeure partie de l’huile que nous produisons provient d’olives que nous achetons à plus de 45 000 petits exploitants agricoles des villages alentours.
IOV – Pouvez-vous détailler les modalités de cette collaboration, et comment vous rémunérez ces paysans ?
Madame Liu – Nous avons mis en place un système très vertueux, qui a contribué à réduire la pauvreté de la région du Gansu. Nous faisons planter des oliviers à nos frais chez tous les paysans qui le souhaitent, puis nous formons ces derniers aux techniques de cultures des arbres et bien sûr leur apportons notre support quand nécessaire. Puis, une fois venu le temps de la récolte, nous achetons leurs olives. Plus de 15 000 tonnes chaque année, ce qui représente environ 100 millions de yuans (13 millions d’euros) réinjectés dans ces foyers. Certains ont quelques oliviers seulement, ce qui leur fait un complément de revenus ; d’autres à l’inverse en ont fait leur activité principale.
IOV – Comment s’assurer de la qualité de la matière première que vous achetez quand on travaille avec autant de petits fournisseurs ?
Madame Liu – Compte tenu des plantations en terrasse, la récolte se fait entièrement à la main, ce qui abîme bien moins les fruits que la récolte mécanique. C’est notre premier gage de qualité. Par ailleurs, en 2015, nous avons investi massivement dans une nouvelle usine, avec un moulin, de grandes cuves de stockage et 3 lignes de mise en bouteille ultra-modernes. Ce nouveau moulin, qui peut presser 560 tonnes d’olives par jour, nous permet de traiter toutes les olives dans les 8 heures qui suivent leur récolte. C’est le second gage de qualité de notre production, puisque les fruits et l’huile conservent ainsi un maximum de leur propriétés organoleptiques et composés phénoliques.
IOV – Vous revendiquez une production biologique, mais là encore comment s’en assurer quand on travaille avec autant de partenaires ?
Madame Liu – C’est assez facile, vous allez voir ! Dans le Gansu, non seulement le climat est adapté à l’olivier mais surtout il n’y a ni maladies, parasites ou champignons susceptibles d’attaquer les arbres. Nous n’avons donc tout simplement pas besoin de traiter les arbres.
IOV – Avec plus de 2 millions de litres par an, vous avez une production importante à écouler. Quels sont vos marchés et vos canaux de distribution ?
Madame Liu – Pour l’heure nous opérons uniquement sur le marché chinois. Nous avons une vingtaine de boutiques dans les principales villes du pays, et sommes présents dans de nombreux autres points de vente physiques. De plus, depuis 2012, et l’incitation du gouvernement central à développer le e-commerce, nous privilégions la vente en ligne, sur des sites chinois comme Alibaba, Tmall, Taobao, Suning… Par ailleurs nous ne vendons pas que de l’huile d’olive extra-vierge puisque nous avons une gamme très diversifiée : produits de santé, cosmétiques, thé et autres produits alimentaires, objets d’artisanat… Nous avons plus de 100 produits référencés et une équipe « innovation » qui en développe de nouveaux chaque année.
IOV – Avez-vous des ambitions à l’international ?
Madame Liu – Bien sûr ! Notre mot d’ordre est « plus grand et plus fort ». Nous commençons donc à regarder comment travailler à l’international. Une entreprise espagnole nous a sollicités en vue d’un partenariat. Je me rends moi-même chaque année en Europe pour rencontrer des confrères et des experts.
IOV – Avez-vous conscience qu’en Europe, Chine ne rime pas forcément avec qualité, surtout pour un produit qui a été l’apanage du bassin méditerranéen pendant des millénaires ?
Madame Liu – Oui et c’est dommage car il n’y a qu’à goûter notre huile pour se convaincre du contraire. C’est d’ailleurs pour cela que nous prenons désormais part aux principaux concours internationaux d’huile d’olive extra-vierge. Nous avons été distingués à plusieurs reprises : à Tokyo, à Los Angeles et à New-York notamment. Cette histoire d’origine et de qualité est vraiment absurde : l’huile que nous produisons est bien meilleure que les huiles italiennes ou espagnoles importées en Chine et vendues en supermarché. Mais de nombreux consommateurs chinois privilégient pourtant ces huiles européennes, pensant eux aussi qu’elles sont de meilleure qualité. Nous avons donc un important travail d’éducation à mener.
IOV – Merci pour votre temps Madame Liu, et peut-être pouvons-nous justement passer à la dégustation ?
Compte tenu des conditions de récolte et de production, la quasi-totalité des huiles d’olive extra-vierge produites par Xiangyu sont des mélanges de différentes variétés. Mais il existe quelques huiles mono-variétales. Le blend auquel nous goûtons dégage une odeur fraîche dès le verre porté au niveau du menton. En bouche, ce fruité vert de moyenne intensité présente un peu d’amertume mais révèle surtout une belle ardence. De loin la meilleure huile que nous ayons gouté en Chine !
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Une récolte dans les Pouilles
Oléiculteurs de troisième et quatrième générations, Roberto Cordisco et son fils Antonio cultivent 37 hectares d’oliviers dans le nord des Pouilles, en Italie. Ils nous ont accueillis mi-octobre pour le tout début de la récolte des olives. Récit.
Xylella, es-tu là ?
Récemment débarquée en Italie depuis les lointaines Amériques, la bactérie Xylella s’attaque à plusieurs variétés d’arbres et menace de se propager dans tout le continent. En Corse, sa présence est attestée depuis 2015 et inquiète de nombreux oléiculteurs.
Mathilde et Matthieu parcourent la planète à la rencontre d'oléiculteurs pour saisir les enjeux de la culture, de la production et de la consommation d'huile d'olive. Retrouvez chaque mois un peu de leur voyage sur www.jusdolive.fr