Le mois dernier, j’ai eu le privilège de faire quelques jours de récolte avec Brigitte et Bertrand, des ami.e.s belges d’accents mais grecs d’adoptions.
Alors que nos récoltions un de leurs champs, je tombe nez à nez avec un drôle d’arbre. À ma grande surprise, j’aperçois des olives parmi les branchages. “C’est un olivier sauvage” m’explique alors Bertrand. Voyant que la lumière dans mes yeux met un peu de temps à s’allumer, il développe : “Ce n’est pas un koroneiki mais une variété sauvage. On peut manger ses olives mais l’huile qu’elles produisent n’est pas très savoureuse donc on ne le récolte pas”. Je profite de la pause qui arrive pour assaillir le pauvre Bertrand de questions. Comment se fait-il qu’une variété sauvage se soit retrouvée dans notre champ de koroneiki ? J’apprends que tous les arbres plantés autour de nous sont des koroneikis greffées sur des variétés sauvage.
Pour les rats des villes qui, comme moi, ne savent pas faire la différence entre bouture et marcottage, j’ai donc décidé de tout reprendre depuis le début.
Je vous parle souvent du « cycle de l’olivier », ces moments qui chaque année, se succèdent et se ressemblent. Mais de l’oeuf ou la poule, j’avais oublié de me demander ce qui venait avant. Avant que notre olivier ait des olives par exemple. Voici ce que j’imaginais : on plante un noyau, qui grandira en un jeune olivier capable de produire des olives.
FAUX. La variété koroneiki que nous produisons est toujours greffée sur une variété sauvage aux racines profondes et parfaitement adaptée au terroir. Le porte-greffe sauvage est donc en charge des racines et d’une partie du tronc tandis que le greffon est en charge des branches qui produisent nos olives. La greffe est un travail d’orfèvre qui permet à ces êtres hybrides d’être à la fois résistants et de produire les meilleurs olives possible. Le meilleur des deux mondes en quelques sortes.
FAUX. La variété koroneiki que nous produisons est toujours greffée sur une variété sauvage aux racines profondes et parfaitement adaptée au terroir. Le porte-greffe sauvage est donc en charge des racines et d’une partie du tronc tandis que le greffon est en charge des branches qui produisent nos olives. La greffe est un travail d’orfèvre qui permet à ces êtres hybrides d’être à la fois résistants et de produire les meilleurs olives possible. Le beurre et l’argent du beurre.
Au printemps, les pépiniéristes effectuent des greffes en fente ou en couronne. En Crète, elles sont réalisées environ à un mètre de hauteur, comme vous pouvez le voir sur la photo un peu plus bas. Pourquoi si haut ? Parce vous pensez bien qu’après un tel travail, les premières feuilles de notre jeune greffon sont aussi précieuses qu’un paquet de farine chez Carrefour un jour de confinement. Alors pas question de les laisser à la merci des terribles bovidés qui rodent. C’est pour ça qu’ici, les greffes sont faites « à hauteur de chèvre ».
Même une fois la greffe prise, rien n’est jamais acquis. Car la variété sauvage, sélectionnée pour sa vigueur, peut toujours s’imposer sur la délicate variété cultivée. Un oeil attentif sait repérer une écorce plus lisse, des feuilles moins élancées ou des olives plus rondes, signes qu’une branche sauvage s’est introduite, en douce, au milieu d’un arbre koroneiki. Une vraie Games of tronc d’arbre !
Une devinette pour finir : Qu’obtient-on quand on plante dans le sol une olive koroneiki ?
Réponse : Un variété sauvage ! Définitivement, votre bon sens ne vous sera d’aucune utilité aujourd’hui.
L’art de la greffe est donc intimement lié à la culture des arbres fruitiers. C’est elle qui a permis à l’Homme d’améliorer la qualité des fruits et de constituer des vergers. Une rencontre fructueuse entre l’ingéniosité de l’être humain et les ressources infinies de la nature.
Adravasti permet d’adopter un olivier en Crète et de recevoir son huile, ainsi que des nouvelles du producteur et de la région toute l’année. Un circuit court pour favoriser une agriculture qui respecte l’Homme et la nature. Et pour les fêtes, Adravasti propose des coffrets à offrir pour Noël !
RDV sur adravasti.fr/ et sur Facebook ou Instagram @adravasti
[ARCHIVE] Selon le Ministère de l’Agriculture libanais, le Pays du Cèdre est aujourd’hui planté de 13 millions d’oliviers principalement de variétés autochtones – Souri, Baladi – sur 22% de la surface agricole totale du pays. Plus de 50% des agriculteurs libanais travaillent dans cette culture, soit près de 100 000 personnes.
Ils entreprennent quelques travaux de restauration, et acquièrent très vite deux nouvelles parcelles d’oliviers avec deux autres fincas, dont la Finca Abril où nous avons logé. Leur objectif est d’apporter un peu de confort tout en préservant l’authenticité des lieux, et surtout dans une démarche écologique. En s’adaptant à l’environnement local ils atteignent l’autonomie dans la sérénité.
Tout d’abord : l’électricité. Pour profiter du soleil qui inonde cette région toute l’année, ils installent six panneaux solaires de 200 Watts chacun sur le toit le la Finca Abril, permettant d’alimenter les appareils électriques à faible consommation. Pas de fer à repasser ni de radiateur électrique donc, mais on peut recharger son appareil photo après une journée de balade dans le maquis.
Ici, pas de réseau public d’eau potable, qui est une ressource de plus en plus rare dans la région. Qu’à cela ne tienne, la maison est équipée d’une citerne souterraine d’une capacité de 7000 litres qui récupère l’eau de pluie, et d’un système de recyclage pour profiter du précieux liquide au maximum. On peut ainsi cuisiner, se doucher, arroser le jardin ou encore alimenter le sauna et le bain nordique installés par Franck au milieu des oliviers, le grand luxe !
Pas de wifi, ni de réseau téléphonique non plus. Au milieu des oliviers et des amandiers, on prend le temps de vivre ensemble, d’observer la nature, d’apprécier les choses simples, de rêver… Seul Benjamin, le fils d’Hélène, sait où trouver une once de réseau en haut d’un muret de pierre pour envoyer de rares textos et donner rendez-vous à ses amis pour aller faire du kite-surf dans le Delta.
Pour s’occuper des oliviers, Hélène et Franck viennent dès qu’ils le peuvent, et s’appuient sur leurs voisins oléiculteurs. En cette première année de production, ils ont obtenu 300 L d’huile d’olive biologique vendue sous la marque Finca Abril. Ils comptent augmenter les volumes au fur et à mesure, et diversifier les productions. Ils viennent ainsi d’acheter une parcelle d’orangers en terrasse à Bitem près de Tortosa, nouveau coup de cœur de Franck qui estime qu’il s’y trouve un trésor…
Pour vendre leur huile d’olive et autres produits du terroir ensoleillé, Hélène et Franck rêvent de faire un long roadtrip en foodtruck, qui les mènerait d’Espagne jusqu’au Danemark, en prenant le temps de visiter, de savourer et de rencontrer les passionnés de gastronomie sur leur trajet. C’est le début d’une grande aventure, entre mer et oliviers donc, et les deux marins doivent l’avouer : « on s’attache vraiment aux terres ! ».
POUR RÉSUMER
Producteurs : Hélène Megret et Franck Debyser
Marques : Finca Abril, Casa Maria
Depuis : 2016
Lieu : région du Baix Ebre, province de Tarragone, en Catalogne
Oliveraie : 9 hectares
Variétés : la Morruda (DOP) – Sevillanca (DOP) – Arbequina
Récolte : manuelle, en octobre
Moulin : Mas de Flandi (Calaceite, en Aragon)
Production : 300 litres en 2019
Autres produits : amandiers, orangers
Spécificités : biologique
Pour en savoir plus sur les huiles d’olive d’Hélène et Franck, rendez-vous sur :
(Avril 2020) «Nous sommes allés à la capitale mondiale de l’huile d’olive (Un indice: ce n’est pas l’Italie) pour voir ce qu’il faut pour faire une grande vierge extra. De la récolte à la trituration. Découvrez l’histoire de l’olive et comment son jus a façonné l’histoire humaine ».
Sur sa chaîne Youtube True Food TV, une des références de l’agroalimentaire aux États-Unis, suit pendant 20 minutes le processus de fabrication de l’huile d’olive vierge extra du champ à la bouteille dans le chapitre OLIVE OIL : How is it Made? OLIVE: How Does it Grow?
Les 11, 12 et 13 mars 2020 pour la 4ème édition de la formation à l’univers de l’huile d’olive et de la dégustation, nous finirons cette immersion de trois jours par la visite du moulin CastelaS, un moulin connu et reconnu en France pour la qualité de ses huiles d'olive vierges extra. Mais avant de découvrir sur place l'oliveraie, le moulin, les coulisses de la fabrication de leur gamme d'huiles d'olive, le processus des huiles aromatisées, etc. le vendredi 13 mars, voici une mise en bouche de la visite.
Tombée dans l’huile d’olive par accident ou presque, Alexandra Gauquelin-Roche s’est patiemment construit une nouvelle vie autour de l’or vert. Référencement et vente en ligne des meilleurs crus, formation en dégustation, agritourisme… pour elle, tout tourne désormais autour de cette passion tardive mais dévorante.
Après un certain nombre d’incertitudes météorologiques et de changements de dates, nous voilà enfin, mon compère et associé Armand et moi dans le vol AF1084 de 6:45 direction Tunis, prêts à rejoindre notre ami Saber, rencontré en formation à Gordes, qui nous a invité à venir récolter ses olives dont il fera un pur jus monovariétal de Chetoui, une variété tunisienne de caractère !
Guillaume Bastard nous embarque à bord de son van aménagé, pour traverser la garrigue sur une route caillouteuse et ainsi rejoindre son oliveraie en restanques, un écrin de verdure au sud du massif des Costes en Provence. Nous entrons dans le Domaine des Possibles. Selon Guillaume, les possibles sont nombreux quand on prend le temps d’observer la Nature et qu’on la respecte. Son projet : remettre en production d’oliveraies abandonnées, en suivant les principes de l’agroforesterie et de la biodynamie.
ls écrivent, dessinent, publient sur www.jusdolive.fr
Ils sont journalistes, globetrotteurs, producteurs, afficionados d’huile d’olive vierge extra ou tout à la fois! On leur donne la parole dans cette série de portraits : Qui sont les collaborateurs de jusdolive.fr ? Quelles sont leurs routines huile d’olive? Leurs tips pour un oléotour? La rencontre qui a marqué leur projet ? Pour cette deuxième semaine, on retrouve Mathilde du duo de In Olio Veritas qui depuis le mois d’octobre 2018 nous font voyager sur les routes de l'huile d'olive.
Maître Oliveron sur un arbre perché, cueillait en novembre ses olives… Maître Cornille par l’odeur alléché, lui tint a peu près ce langage : « portez donc en mon moulin vos vertes olives, qu’ensemble nous les pressions en cuvée traditionnelle au délicieux fruité noir ». C’est ainsi que depuis le XVIIème siècle, le Moulin Cornille recueille les olives de nombreux oléiculteurs des Baux-de-Provence pour les transformer en une huile unique au monde au arômes d’olive noire, de tapenade voire de cacao. Découverte de ce savoir-faire exceptionnel.
Dans la famille des olives de table, je voudrais la Tanche de Nyons ! La star des olives noires fait la fierté de cette petite ville de la Drôme Provençale, réputée également pour sa vigne et ses abricots. Patrick Floret, vice-président de la Coopérative du Nyonsais, nous livre les secrets de fabrication de cette succulente olive de table. Visite. La fabrication des olives noires à la Coopérative du Nyonsais
Retrouvez tous nos articles sur l’huile d’olive en France par ici !
Dans la famille des olives de table, je voudrais la Tanche de Nyons ! La star des olives noires fait la fierté de cette petite ville de la Drôme Provençale, réputée également pour sa vigne et ses abricots. Patrick Floret, vice-président de la Coopérative du Nyonsais, nous livre les secrets de fabrication de cette succulente olive de table. Visite.
@In Olio Veritas
Sur la route de l’Huile d’Olive, à la découverte de l’oléiculture, de la production, de la gastronomie et des enjeux de l’or vert… L’instagram
Plus de BD sur leur site www.inolioveritas.org
Pour sa dixième édition, le guide FLOS OLEI a publié fin septembre 2018 son palmarès, le classement international de la meilleure production d’huile d’olive au monde et cette année une huile française s’est glissée dans ce prestigieux palmarès : La Magnanerie avec sa Cuvée Sauvage (Organic Farming) dans la catégorie Best Extra Virgin Olive Oil Blended – Light Fruity. Palmarès FLOS OLEI 2018
Récompense de nombreuses heures de travail sur le terrain et d’attention au moulin, Eric Martin producteur du La Magnanerie nous ouvre ses portes lors de la troisième journée de formation à l’univers de l’huile d’olive et à la dégustation, qui a lieu les 3/4/5 Avril 2019 à Gordes (Luberon). Formation à l’univers de l’huile d’olive et à la dégustation, les 3/4/5 Avril 2019 à Gordes.
Venez découvrir le magnifique terroir de La Magnanerie et ses 25 hectares d’oliviers cultivés en agriculture biologique. L’occasion de voir le travail minutieux de l’oléiculteur dans chaque étape de l’élaboration d’huiles d’olive vierge extra de grande qualité : sol, taille, plantation, variétés, engrais, élaboration stockage, … En attendant avril et pour préparer la formation nous avons posé trois questions à Eric Martin. Peux-tu en quelques lignes présenter ton parcours et ton oliveraie ? Pourquoi avoir fait le choix de produire en bio? Que se passe-t-il dans un verger ou dans un moulin au mois d’avril lors de notre venue ?
Si les premiers oliviers en Nouvelle-Zélande remontent au XIXème siècle, ce n’est qu’à partir des années 1980 que les Néo-Zélandais ont commencé à consommer de l’huile d’olive autrement que comme un médicament digestif acheté en pharmacie. C’est à ce moment que la production locale d’huile d’olive vierge extra a commencé à se développer. Pourtant aujourd’hui elle ne couvre encore que 10% de la consommation néo-zélandaise. Comment expliquer cette inertie ?
Intrigués par l’intérêt qu’avait manifesté John Dodgson pour la région côtière de Hawke’s Bay et son climat (voir notre article précédent sur Mount Grey Olives), nous nous sommes rendus sur place et avons pris rendez-vous avec Bob Marshall et Shona Thompson, couple de sexagénaires qui exploite une petite oliveraie en bons élèves de l’agriculture conventionnelle. Retrouvez le spécial Nouvelle-ZélandeL’huile d’olive en Nouvelle-Zélande, une production marginale ?
Au large d’Auckland, se trouve la magnifique île de Waiheke. Les touristes et aucklandais en villégiature y affluent, mais ses collines et son climat très doux y ont aussi attiré de nombreux viticulteurs. D’autres ont préféré se tourner vers l’olivier, à l’instar de John et Margaret Edwards, dont l’huile d’olive extra-vierge est l’une des plus réputées de Nouvelle-Zélande. Près de 30 ans après la plantation de leur oliveraie, Margaret est aujourd’hui une personnalité reconnue dans l’univers de l’EVOO et la seule citoyenne néo-zélandaise exerçant en tant que juge au sein des grands concours internationaux de dégustation d’huile d’olive. Retrouvez le spécial Nouvelle-ZélandeL’huile d’olive en Nouvelle-Zélande, une production marginale ?
Autres produits : huiles infusées, olives de table, savons et cosmétiques naturels
Le North Canterbury fait partie de ces régions de Nouvelle-Zélande qui ont vu s’implanter, au cours des 20 dernières années, vignobles et oliveraies. Si le sol est très favorable à ces cultures, et notamment à l’olivier, le climat l’est un peu moins, comme la plupart des oléiculteurs ont appris à le découvrir au fil des ans. Rencontre avec l’un d’entre eux, John Dodgson, dans son exploitation artisanale Mount Grey Olives. Retrouvez le spécial Nouvelle-ZélandeL’huile d’olive en Nouvelle-Zélande, une production marginale ?
In Olio Veritas – John, pouvez-vous nous raconter l’histoire de Mount Grey Olive en quelques mots ?
John Dodgson – Ma femme Jan et moi-même sommes Néo-Zélandais, mais avons beaucoup vécu à l’étranger, en Afrique du Sud et en Australie principalement. Au cours des années 2000, suite aux incendies à répétition dans la région de Melbourne où nous vivions, nous avons commencé à préparer notre retour au pays. Jan, qui s’était lancée dans la production de savons naturels à base d’huile d’olive, m’a convaincu qu’il serait formidable de trouver une oliveraie à reprendre en Nouvelle-Zélande pour qu’elle ait sa propre matière première sous la main. Nous avons cherché sans succès dans la région de Hawke’s Bay sur l’île du Nord, avant d’avoir une opportunité dans le North Canterbury et de sauter le pas, en 2009.
IOV – Vous n’aviez donc pas de compétences ou de formation particulières en oléiculture ?
John – Oui et non. J’ai un PhD en horticulture et j’ai fait l’intégralité de ma carrière dans le domaine agricole, consacrant les dernières années à l’industrie de la pomme. La Nouvelle-Zélande en est l’un des leaders mondiaux ! J’ai d’ailleurs beaucoup voyagé en France pour cela : en Normandie, dans le Cher, l’Allier… Bref, je sais à peu près m’occuper des arbres. Mais il est vrai que l’olivier est très différent, et je me suis donc formé au fur et à mesure pour l’entretien de l’oliveraie, la taille des arbres, la récolte. J’ai une approche assez scientifique : je fais des expérimentations, j’essaie de reproduire ce qui semble fonctionner, et puis il y a une bonne collaboration entre les oléiculteurs de la région.
IOV – Vous dites que vous auriez préféré trouver une oliveraie dans la région de Hawke’s Bay, pourquoi ?
John – Pour le climat, principalement. Ici dans le North Canterbury, nous avons généralement un printemps et un été propices, mais les choses se compliquent souvent à l’automne et l’hiver, ce qui correspond à la période de la récolte des olives comme vous le savez. Outre une forte humidité liée aux pluies fréquentes, nous sommes confrontés à de nombreux épisodes de gel, jusqu’à 12 jours par an avant que les olives ne soient réellement prêtes pour la récolte. Nos oliviers ont en moyenne une tolérance jusqu’à -3°C : en-dessous de cette température nous n’avons guère plus de 24 heures pour récolter, sans quoi l’olive meurt. Un producteur du coin a tenté une année de presser des olives qui avaient gelé : son huile a fini directement à la benne ! Dans la région de Hawke’s Bay, le climat n’est certes pas idéal non plus, mais il est tout de même plus doux.
IOV – Pourquoi avoir planté des oliveraies ici alors ?
John – Les premiers à s’être installés ici n’avaient peut-être pas creusé suffisamment la question du climat. Puis d’autres les ont suivi. Au total, nous sommes une trentaine d’oléiculteurs dans la région. Tout n’est pas à jeter ici cependant. Le sol par exemple est très favorable : pierreux et drainant, il évacue l’eau rapidement ce qui est très bien pour l’olivier dont les racines n’aiment pas être baignées. Mais je considère tout de même que, pour la culture de l’olivier, la question du climat prévaut sur celle du sol.
IOV – Y’a-t-il une région au climat particulièrement propice à l’olivier en Nouvelle-Zélande ?
John – Le climat néo-zélandais est dans son ensemble assez mal adapté à la culture de l’olivier, en raison de l’humidité ou du gel. Par exception, il y a deux plantations sur la péninsule de Banks, de l’autre côté de Christchurch, qui bénéficient peut-être de la meilleure combinaison sol – climat du pays : un terrain volcanique fertile et drainant, associé à un microclimat qui leur épargne le gel. En dehors de cela, j’ai la triste conviction que la culture de l’olivier en Nouvelle-Zélande restera marginale, en raison de ces facteurs climatiques.
IOV – Vous avez mentionné l’humidité comme un obstacle. Quel est le problème spécifiquement pour vous ?
John – L’humidité entraîne des maladies et surtout des moisissures, qui nuisent à l’arbre. Les plus fréquentes ici sont celles que vous avez aussi en Europe : l’oeil de paon, un champignon dont les spores sont répandus par la pluie et qui entraîne la chute des feuilles infectées, ainsi que l’anthracnose, un champignon qui affecte lui directement les olives. Nous avons aussi depuis très récemment dans la région la cochenille noire, un parasite qui loge et pond sur les branches et les feuilles. En revanche la Nouvelle-Zélande est pour l’instant à l’abri de la mouche ou xylella.
IOV – Y’a-t-il un moyen de remédier à ces champignons ?
John – Je viens de l’agriculture conventionnelle, j’ai passé beaucoup d’années de ma vie à répandre des produits chimiques. Mais en m’installant ici, je me suis progressivement intéressé aux techniques plus respectueuses de l’environnement et notamment du sol. Si vous avez un sol sain, vous aurez des fruits sains et des animaux sains. Aujourd’hui je conseille de nombreux agriculteurs et horticulteurs de la région qui veulent se convertir au bio, ou tout du moins réduire leur usage de produits chimiques. C’est d’ailleurs ma principale activité professionnelle, l’oliveraie étant avant tout un hobby. Je conseille par exemple depuis 11 ans un agriculteur laitier, qui a réussi à passer au bio. Ses vaches se portent bien mieux qu’auparavant et produisent davantage. C’est même devenu le premier producteur laitier de la région !
IOV – Et concrètement dans l’oliveraie ?
John – Pour lutter contre les moisissures par exemple j’essaie de désherber sous les rangées d’arbres, afin que l’humidité ne s’y accumule pas. On ne peut pas utiliser de moutons car les arbres sont trop jeunes et ils s’attaqueraient à leur écorce, et les deux chevaux que nous avons n’y suffisent pas, alors je tonds moi-même une partie, mais cela prend du temps, et dans certaines zones j’utilise encore un peu de round-up.
IOV – Du round-up ?
John – Oui je considère que c’est efficace et peu nuisible dans les proportions que j’utilise. Beaucoup font tester leur sol pour analyser le degré de contamination, mais les racines vont plus profond que les surfaces prélevées alors moi je fais analyser les feuilles des oliviers et les résultats sont dans la moyenne.
IOV – L’oliveraie est un hobby pour vous, mais qui semble vous prendre beaucoup de temps. Comment vous en sortez-vous ?
John – Difficilement ! L’entretien et la taille des arbres notamment prennent beaucoup de temps. Il y a quelques années j’ai jeté l’éponge dans certaines parcelles avant d’y revenir 2 ou 3 ans plus tard. Les arbres étaient hauts et très touffus, j’ai eu beaucoup de mal à les récupérer. Je reconnais que tout cela est un peu trop grand pour moi.
Note sur les auteurs
In Olio Vertitas : Fascinés par l’Olivier, Mathilde et Matthieu parcourent la planète à la rencontre d’oléiculteurs pour saisir les enjeux de la culture, de la production et de la consommation d’huile d’olive. Retrouvez leurs découvertes et récits sur inolioveritas.org et www.instagram.com/inolioveritas.
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