Le Domaine des Possibles : une reconversion engagée

Guillaume Bastard nous embarque à bord de son van aménagé, pour traverser la garrigue sur une route caillouteuse et ainsi rejoindre son oliveraie en restanques, un écrin de verdure au sud du massif des Costes en Provence. Nous entrons dans le Domaine des Possibles. Selon Guillaume, les possibles sont nombreux quand on prend le temps d’observer la Nature et qu’on la respecte. Son projet : remettre en production d’oliveraies abandonnées, en suivant les principes de l’agroforesterie et de la biodynamie.

Tous dans le camion ! – © In Olio Veritas

Retaper des oliveraies abandonnées

Après des études d’œnologie et plus de quinze ans d’accompagnement d’agriculteurs en Afrique, Guillaume revient sur les terres de sa famille à Rognes, à quelques kilomètres d’ici. Son projet est de récupérer des oliveraies abandonnées, de les remettre en production et de les exploiter en diversifiant les cultures, notamment avec des plantes aromatiques, sur le principe de l’agroforesterie.

Petit tour dans l’oliveraie de Guillaume. – © In Olio Veritas

En 2017, quand il prend cette première oliveraie de 1,5 hectare en fermage, les arbres n’ont pas été taillés depuis des années. Le travail de réhabilitation est monumental. Il y a des rejets partout aux pieds des arbres et les branches montent très haut. Il les rabat comme il peut, mais sa première récolte est maigre : à peine 300 kilogrammes d’olives.

Cette récolte est rendue d’autant plus difficile qu’il s’agit de 320 oliviers multi-troncs – qui datent du gel de 1956 – ne permettant pas de bien étaler les filets de récolte aux pieds des arbres. En 2018, il obtient malgré tout 2,2 tonnes, après les premières étapes de la remise en état des arbres.

Les oliviers multi-troncs foisonnants. – © In Olio Veritas

Son objectif est maintenant de réussir à séparer ces troncs et de les transplantés sur une autre parcelle pour avoir des oliviers individuels, et ainsi rationaliser son oliveraie. En 2019, il s’engage sur deux nouvelles parcelles à revitaliser, et atteint 5 hectares d’oliviers.

Apprendre en observant la Nature

Avant de se lancer, Guillaume suit quelques courtes formations techniques sur la taille, la greffe, la fertilisation ou les produits phytosanitaires, et rencontre des spécialistes de bons conseils à l’ADEAR (promotion de l’agriculture paysanne), la Fédération du Bio de PACA ou encore le CIVAM oléicole des Bouches-du-Rhône (conseils pour les oléiculteurs professionnels et amateur). Il lit, se documente autant que possible. Mais c’est surtout sur le terrain, au contact des arbres, qu’il apprend son nouveau métier, en soumettant ses intuitions directement à Dame Nature. « Il faut plus de 5 ans pour commencer à connaître son oliveraie. » nous confie-t-il fort de ses deux premières années.

L’écrin de verdure vu d’en haut. – © In Olio Veritas

Guillaume s’intéresse à la complémentarité entre les plantes. Quand ses parcelles d’oliviers seront totalement remises en forme, il souhaite combiner l’oléiculture avec la culture de plantes aromatiques aromatiques sur le principe de l’agroforesterie. Thym, romarin, sarriette, immortelle, menthe, mélisse, etc. trouveront leur place dans l’oliveraie, sur les restanques – les murets de pierres sèches soutenant une culture en terrasse typique de Provence – ou entre les oliviers.

Ces plantes se coupent à la fin de l’été, donc elles ne feront pas obstacle aux filets de la récolte des olives en novembre. La cohabitation s’annonce heureuse et permettra à Guillaume de commercialiser des Herbes de Provence et des huiles essentielles en plus de son huile d’olive.

La belle immortelle

Essayer l’oléiculture biodynamique

Au Domaine des Possibles, tout est bio, bien sûr. Mais Guillaume veut aller plus loin, et cultiver ses oliviers en biodynamie. Le sujet est encore peu documenté et rares sont les producteurs qui se sont lancés dans l’oléiculture biodynamique. Il va donc falloir expérimenter ! Ce qui n’est pas pour déplaire à Guillaume, qui observe sagement la Nature.

La culture biodynamique, portée notamment par la certification Demeter, est une forme d’agriculture biologique basée sur l’équilibre des écosystèmes : sols, plantes et animaux se nourrissent mutuellement avec aussi peu d’intervention extérieure que possible. Tout d’abord, il faut favoriser la biodiversité, et donc privilégier la polyculture, comme prévoit de le faire Guillaume en plantant des herbes aromatiques dans son oliveraie.

Les olives sont belles cette année ! – © In Olio Veritas

Ensuite, il faut prendre en compte les cycles qui rythment la vie de la Terre – cycles solaires et lunaires par exemple – pour optimiser les cultures et la conservation des produits. Dans l’oléiculture, le calendrier biodynamique permet de déterminer quand tailler, arroser, appliquer le compost, récolter les olives, etc.

Les producteurs en biodynamie utilisent du compost et des préparations à base de plantes médicinales, de silice et de bouse de vache pour fertiliser la terre, retenir l’eau et traiter les maladies. Pour ses oliviers, Guillaume prépare son compost avec des grignons d’olives et du broyat de branches et de feuilles d’oliviers. Cet apport de matière organique est nécessaire car ici les sols sont pauvres et trop tassés.

Pour éviter le développement de champignons comme l’œil de paon, Guillaume va pulvériser une décoction de prêle des champs sur ses oliviers.

L’installation de ruchers peut parfois compléter l’écosystème pour aider à la pollinisation des oliviers. Selon Demeter, « la biodynamie permet aux agriculteurs de redevenir des acteurs positifs, qui agissent concrètement pour le bien de la Terre et des Hommes. »

C’est donc dans ce cercle vertueux que Guillaume s’engage avec passion au Domaine des Possibles. Nous repartons en van à travers la garrigue, pleins d’enthousiasme et de bonnes idées !

Le joli logo a été dessiné par le jeune fils de Guillaume, la classe ! – © In Olio Veritas

Le Domaine des Possibles

  • Producteur : Guillaume Bastard
  • Marque : Domaine des possibles
  • Année : 2018
  • Lieu : Pélissane, Provence, France
  • Oliveraie : 5 hectares en 3 parcelles
  • Variétés : Aglandau et Salonenque
  • Récolte : en novembre
  • Moulin : Moulin coopératif des Costes
  • Production : 300 L commercialisés en 2019
  • Autres produits : herbes de Provence
  • Spécificités : en fermage, objectif de culture en biodynamie

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