La campagne oléicole 2024/2025 s’annonce contrastée à travers le bassin méditerranéen. Si certains pays comme l’Espagne et la Grèce entrevoient une hausse de leur production, d’autres, comme l’Italie et le Maroc, sont confrontés à une baisse significative. Les conditions météorologiques, notamment les épisodes de sécheresse et les températures élevées, ont fortement influencé les rendements.

Estimations 2024-2025

Espagne : un rebond après deux années difficiles

Après avoir subi deux années de sécheresse, l’Espagne devrait connaître un rebond de sa production d’huile d’olive. Les précipitations favorables et les températures clémentes pendant la floraison ont favorisé le développement des olives. Cependant, le manque d’eau en fin d’été pourrait impacter les rendements finaux. Il existe une grande hétérogénéité des fruits d’une zone à l’autre, même au sein d’une même région ou province. Estimations entre 1,2 et 1,4 million de tonnes.

La production d’huile d’olive en Andalousie devrait atteindre 1 021 000 tonnes au cours de la campagne 2024/25, soit 76,6% de plus que l’année précédente et 19,7 % de plus que la moyenne des cinq dernières campagnes.

Italie : une production en chute libre dans le Sud

La sécheresse et les fortes chaleurs ont durement frappé les principales régions productrices d’Italie comme la Calabre, les Pouilles et la Sicile, entraînant une baisse drastique de la production. Seuls le Nord et le Centre du pays parviennent à tirer leur épingle du jeu grâce à des conditions climatiques plus favorables. La production devrait se situer autour de 224 000 et 240 000 tonnes.

Grèce : une production en hausse, mais des incertitudes demeurent

La Grèce devrait connaître une augmentation de sa production d’huile d’olive, notamment grâce aux conditions météorologiques favorables qui ont permis d’obtenir des olives de qualité. Cependant, la sécheresse et les températures élevées pourraient limiter les rendements dans certaines régions. Un total d’environ 250 000 tonnes est estimé, ce qui représente une « nette augmentation », dont 100 000 tonnes pour le Péloponnèse ; 70 000 tonnes pour la Crète ; 30 000 tonnes pour Zakynthos, Corfou, Mytilini et Rhodes (îles) ; 30 000 tonnes pour la Grèce continentale ; et 20 000 tonnes pour la Grèce du Nord.

Jusqu’à présent, le temps a été sec, avec des températures maximales comprises entre 30 et 33°C, et très peu de précipitations. Il n’y a pas eu d’attaques de mouches de l’olive ni de maladies fongiques.

Tunisie : une campagne prometteuse

La Tunisie devrait connaître une bonne campagne oléicole grâce aux précipitations bénéfiques reçues en fin d’été, notamment dans la région de Sfax et de Gabès. L’état végétatif des oliviers est excellent et les perspectives sont encourageantes. La production attendue se situera entre 280 000 et 320 000 tonnes.

Autre donnée importante pour la Tunisie, la saison débutera avec des stocks pratiquement inexistants, en raison de l’excellente performance à l’exportation au cours des 10 premiers mois de la saison (plus de 181 000 tonnes commercialisées à l’étranger).

Maroc : une troisième année consécutive de baisse

Le Maroc est confronté à une situation préoccupante avec une baisse significative de sa production pour la troisième année consécutive. Les températures élevées et le manque de précipitations ont fortement impacté les oliviers. Les estimations actuelles des opérateurs du secteur oléicole marocain situent la production entre 60 000 et 80 000 tonnes, ce qui représente une baisse de 45 à 60 % par rapport à la production d’une année normal.
La majeure partie de cette production proviendra des oliveraies traditionnelles irriguées et des oliveraies intensives. Ces oliveraies irriguées (traditionnelles et intensives) représentent environ 30 %.

Concernant le prix , les moulins industriels connaîtront une augmentation significative de leurs coûts et une diminution de la production d’huile d’olive. Cette situation aura des répercussions importantes sur le marché local de l’huile d’olive dont le prix variera entre 85 DH/litre et 120 DH/litre.

Turquie : une production stable

La Turquie devrait connaître une production stable, malgré des prix des olives de table bas qui pourraient inciter les producteurs à privilégier la production d’huile d’olive. La production est estimée à environ 350 000-360 000 tonnes.

Portugal : une production en hausse, mais des incertitudes liées aux maladies

Le Portugal devrait connaître une hausse de sa production, mais les pluies d’automne pourraient favoriser le développement de maladies, notamment la mouche de l’olive, et ainsi impacter les rendements, qui constituent généralement le principal problème de l’oléiculture portugaise. La production est estimée entre 170 000 et 200 000 tonnes d’huile d’olive.

Conclusion

La campagne oléicole 2024/2025 est marquée par une grande hétérogénéité entre les pays producteurs. Les conditions météorologiques, en particulier la sécheresse et les températures élevées, vont jouer un rôle déterminant dans les rendements et une maturité précoce.  Il est important de noter que les prévisions peuvent encore évoluer en fonction des conditions climatiques des prochaines semaines. En général, les oliveraies irriguées connaissent moins de variabilités te un meilleur rendement. Le manque d’humidité dans le sol pour les oliveraies non irriguées,  ralentit le développement normal du fruit et la lipogenèse (formation de l’huile). les conditions météorologiques ont jusqu’à présent conduit à une maturation très précoce des olives.

Bilan de la campagne 2023/24

• Espagne 760 000 tonnes d’huile d’olive. Contre une production moyenne de 1,3 million de tonnes par an.
• Italie La campagne oléicole 2023/24 en Italie est supérieure de 20% à celle de l’année précédente, qui était de 240 900 tonnes.
• Grèce La production totale est estimée à 110.000-120.000 tonnes au maximum; une année médiocre après la saison « abondante » de l’année dernière.
• Tunisie une production de 200 000-220 000 tonnes d’huile d’olive. Une production relativement plus élevée que l’année dernière.
• Maroc 80 000 et 100 000 tonnes, ce qui représente une baisse de 35 à 45 % par rapport à la production d’une année normale, estimée à 120 000-180 000 tonnes.
• Turquie 179 000 tonnes d’huile d’olive et 442 000 tonnes d’olives de table sont estimées
• Portugal la dernière récolte a été très similaire à la précédente, entre 120 000 et 150 000 tonnes.

Sources :
Le rapport de la Junta de Andalucía, AFORO DE PRODUCCIÓN DE OLIVAR EN ANDALUCÍA CAMPAÑA 2024-2025. Jaén, 3 octobre 2024.

https://jusdolive.fr/recolte-2023-2024-les-premieres-previsions/
L’article de Mercacei,
https://jusdolive.fr/breve-bilan-de-la-campagne-2023-24/
Les graphiques viennent de l’observatoire du Conseil Oléciole International https://www.internationaloliveoil.org/wp-content/uploads/2023/12/IOC-Olive-Oil-Dashboard.html#production-1