Campagne oléicole 2025-2026 : premières estimations contrastées autour du bassin méditerranéen

huile d'olive verte émeraude extraite d'olives vertes du début de campagne

Les premières prévisions de production d’huile d’olive tombent pour la campagne 2025-2026. Espagne, Italie, Grèce, Tunisie, Maroc, Turquie et Portugal affichent des tendances variables, entre espoir de reprise et prudence face au climat. Tour d’horizon.

Espagne : une campagne moyenne, suspendue à la pluie

Selon les estimations de la Junta de Andalucía, la production espagnole pourrait atteindre 1,38 million de tonnes, un volume quasiment identique à celui de l’an dernier.
Après un automne et un printemps favorables, l’été – notamment le mois d’août – a été brûlant et sec, limitant la formation d’huile en fin de cycle.
Les prochaines pluies d’octobre-novembre seront donc déterminantes.
Côté qualité, les premiers vierges extra précoces sont prometteurs.
Comme le souligne José María Penco (AEMO) : « Tout indique une production moyenne, mais de bonne qualité. »

Italie : nette reprise attendue, surtout au sud

L’Italie devrait enregistrer une hausse de 30 %, pour atteindre environ 300 000 t d’huile d’olive.
La Pouilles et la Calabre tireront cette progression grâce aux pluies estivales, tandis que le nord, touché par la mouche, connaîtra un recul.
Les observateurs, dont Marco Scanu et Antonio Balenzano, parlent d’une campagne prometteuse en volume et en qualité, mais insistent : « le vrai défi reste la création de valeur locale », via l’oléotourisme et la valorisation des AOP régionales.

Grèce : baisse sensible, forte disparité régionale

Les estimations oscillent entre 200 000 et 220 000 t, soit une baisse de 12 à 15 % par rapport à 2024-25.
La Crète est la plus touchée par la sécheresse, alors que le Péloponnèse conserve des volumes honorables.
Les conditions climatiques inhabituelles ont favorisé la mouche de l’olive, incitant les autorités à recommander une récolte précoce.
Autre enjeu : la pénurie de main-d’œuvre après la fin des contrats saisonniers avec les travailleurs étrangers.
Les premiers lots, mis sur le marché à plus de 7,80 €/kg, confirment néanmoins une bonne qualité organoleptique.

Tunisie : retour au premier plan

Année favorable pour la Tunisie : 450 000 à 500 000 t prévues, presque le double de la campagne passée.
Les pluies régulières ont revitalisé des zones historiquement touchées par la sécheresse, notamment Sfax et Sidi Bouzid.
Les exportations dépassent déjà 250 000 t à fin août, et la qualité s’annonce « très haute ».
Reste l’incertitude économique : de nombreux opérateurs tunisiens font face à une crise de liquidités, rendant difficile le financement de la récolte.
S’ajoute un risque tarifaire sur le marché américain, avec une hausse potentielle des droits de douane.

Maroc : nette amélioration malgré la chaleur

Avec 240 000 t prévues, le Maroc retrouverait un niveau supérieur de 50 à 60 % à une année moyenne.
Les fortes chaleurs de l’été ont freiné la maturation, mais les oliveraies irriguées et les plantations intensives ont mieux résisté.
Le prix des olives tourne autour de 5 dirhams/kg, et les moulins industriels n’ont pas encore lancé la pleine activité.

Turquie : après le record, la baisse

Après la récolte historique de 2024, la Turquie anticipe une forte baisse, entre 150 000 et 170 000 t.
Les arbres sont « fatigués » et les hautes températures printanières ont abîmé les fleurs.
Le déficit hydrique est marqué : il n’a presque pas plu de juin à septembre.
Les producteurs d’olives de table, également nombreux cette année, captent une part de la récolte au détriment de l’huile.

Portugal : stabilité et qualité au rendez-vous

Le Portugal, grâce à un hiver pluvieux mais un été sec et chaud, pourrait produire 180 000 à 200 000 t d’huile d’olive.
Si la floraison fut belle, le nouaison irrégulier et la maturité tardive ralentissent la récolte, attendue après le 20 octobre.
Les fruits sont sains, peu touchés par la mouche, et les experts s’attendent à une qualité supérieure à celle des deux dernières campagnes.

Lecture de campagne

Les chiffres 2025-26 confirment une recomposition du paysage méditerranéen :

  • La Tunisie et le Maroc signent un vrai retour, après plusieurs années de sécheresse.
  • L’Espagne se stabilise après deux campagnes déficitaires, mais reste loin de ses records historiques (plus de 1,6 Mt avant 2020).
  • L’Italie consolide sa reprise au sud, tandis que la Grèce et la Turquie subissent les aléas climatiques.
  • Globalement, la production mondiale pourrait se situer autour de 3,0 à 3,2 millions de tonnes, soit une légère hausse sur l’an dernier — mais encore loin des 3,4-3,5 Mt de la période 2018-2020.

 

Article adapté et rédigé par Cécile Le Galliard pour jusdolive.fr — d’après les estimations publiées par Mercacei (octobre 2025) et les premiers aforos nationaux.
Previsiones iniciales de la campaña oleícola 2025/26 en los principales países productores
Premières estimations de production d’huile d’olive par Cécile Le Galliard, 5 octobre 2025

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