[4/4] EXPOLIVA : CRÉDITS CARBONE

L’oliveraie est capable d’absorber le CO₂ de l’atmosphère et de le stocker de manière stable et permanente, à la fois dans sa structure pérenne, grâce à sa longévité, et dans le sol, en augmentant la teneur en matière organique, grâce à des pratiques agronomiques durables. Jusqu’à une époque récente, l’agriculture était considérée exclusivement comme un secteur émetteur de gaz à effet de serre, mais dans son rapport de 2023, le GIEC (Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat) a reconnu sa capacité à absorber le dioxyde de carbone, ouvrant ainsi de nouvelles opportunités financières pour des secteurs tels que l’oléiculture.

Les oliveraies représentent 11 millions d’hectares à l’échelle mondiale et jouent un rôle fondamental dans l’atténuation du changement climatique. Quelques données clés sur son impact environnemental :
– 1 litre d’huile d’olive élimine 10,65 kg de CO₂ de l’atmosphère.
– Chaque hectare d’oliveraie capte 4,58 tonnes de CO₂ par an.
– un hectare d’oliveraie compense l’empreinte carbone annuelle d’une personne.

1. UNE ÉTUDE

L’étude Does spontaneous cover crop increase the stocks of soil organic carbon and nitrogen in commercial olive orchard? vise à évaluer si l’utilisation de couverts végétaux spontanés temporaires (CVST) sous climat semi-aride peut accroître les stocks de carbone organique du sol (COS) et d’azote total (STN), tout en comparant ces pratiques à la gestion conventionnelle avec sol nu (BS).

Pour ce faire 24 oliveraies avec CVST ont été comparées à 24 oliveraies voisines gérées en sol nu selon les pratiques traditionnelles (désherbage chimique et/ou travail du sol); Les oliveraies sélectionnées avaient déjà mis en place les CVST depuis au moins 8 années à ce moment-là.

Pour les conclusions -et ce que l’on pouvait imaginer- le recours aux couverts végétaux spontanés temporaires améliore les stocks de carbone organique et la rétention d’azote dans les sols d’oliveraies : +25 % en moyenne dans les oliveraies avec CV
Pendant EXPOLIVA 2025, Evangelina Pareja-Sanchez a donné quelques chiffres sur des hypothèses moyennes du marché du carbone : Les oliveraies en montagne peu mécanisées et riches en matière organique, pourraient stocker entre 10 et 30 tonnes de carbone par hectares sur 10 ans soit l’équivalent de 400-1200€/hectares* en crédit carbone.

*Ce chiffre pourrait monter à 2 000 € ou plus/ha/10 ans dans certains marchés valorisant la biodiversité (comme ceux liés à l’agroforesterie ou à la conservation des paysages méditerranéens).

2. WEBINAIRE DE FORMATION

Dans le cadre de son Projet Bilan Carbone, le Conseil oléicole international (COI) poursuit la phase pilote de son outil de calcul du bilan carbone. Deux nouveaux webinaires de formation, en espagnol et en anglais, seront organisés pour accompagner les utilisateurs en phase de test.

Les objectifs des sessions sont les suivants :
• Présenter l’outil de bilan carbone et expliquer les données requises.
• Clarifier la logique des calculs et la justification des informations demandées.
• Présenter le manuel d’utilisation, qui sera mis à jour à mesure que l’outil évolue.
• Offrir un espace de questions-réponses pour répondre aux interrogations des participants.

Cette phase pilote est un espace de collaboration. Les retours des utilisateurs — en particulier des producteurs — contribueront à améliorer l’outil afin de mieux refléter le rôle de l’oléiculture dans l’atténuation du changement climatique et la durabilité.

La formation en espagnol aura lieu le jeudi 17 juillet et la formation en anglais le lendemain, vendredi 18 juillet.
Les liens : https://www.internationaloliveoil.org/deuxieme-formation-du-coi-sur-loutil-de-bilan-carbone/?lang=fr

3. UNE CERTIFICATION

Absorcabolivo développe un projet de quantification des crédits de carbone de l’oliveraie traditionnelle, une manière complémentaire de rentabiliser le secteur.

Le groupe formé par l’université de Jaén (les professeurs Roberto García et Francisco Feito), le groupe Consule, la fondation El Común de Segura (HUB d’innovation territoriale) et la SCA Santa Teresa de Beas de Segura, travaille à la certification de la quantité de dioxyde de carbone « séquestrée » dans le sol des oliveraies grâce à certaines pratiques agricoles, afin d’offrir ensuite ces crédits sur le marché volontaire du carbone. Sur ce marché, les entreprises ou les particuliers achèteraient « cette absorption de CO2 dans le sol de l’oliveraie » pour compenser leurs propres émissions.

Selon les critères acceptés par le protocole de Kyoto pour la compensation des émissions de gaz à effet de serre, des procédures de certification sont nécessaires pour les émissions compensées que les gouvernements individuels peuvent incorporer dans leur comptabilité globale des émissions/absorptions.

Pour que ces crédits soient reconnus, il faut démontrer : que la séquestration n’aurait pas eu lieu sans le projet, que les données sont précises et vérifiables et que l’engagement soit fait sur

Objectifs:

– une nouvelle source de revenus dans les zones rurales
– un meilleur accès au crédit pour les petits exploitants (demande des investissements techniques et administratifs).
– des pratiques agricoles durables alignées sur la conservation de l’environnement.

La recherche pour cette quantification est menée dans 14 exploitations agricoles dans la région de Jaén (Andalousie), où l’on a entrepris une série de pratiques de gestion des sols qui sont bien adaptées à la séquestration du carbone. « Les premiers résultats montrent que le sol de ces oliveraies pourrait séquestrer 2 ou 3 tonnes de CO2 en plus de ce que l’oliveraie elle-même capte déjà (par hectare)».

4. UN PROJET

Le projet C‑Olivar (Carbon Olivar) mesure la capacité des sols d’oliveraies à séquestrer le carbone.

En février 2025, une analyse des sols dans des oliveraies de l’appellation d’origine Estepa a fournit des données essentielles pour établir les premiers pourcentages de séquestration du carbone,  et développer des stratégies visant améliorer la durabilité et optimiser les pratiques agricoles.

Parmi les principaux résultats attendus figurent le développement d’un guide méthodologique pour le calcul des crédits de carbone dans l’oliveraie, le développement d’un outil numérique pour les techniciens et les agriculteurs afin de faciliter la planification et l’optimisation des pratiques agricoles durables, la création de matériel de diffusion dans le but d’encourager la mise en œuvre de techniques de gestion visant à augmenter la quantité de carbone organique dans les sols et le développement d’un marché volontaire pour les crédits de carbone, permettant aux oléiculteurs de bénéficier de la vente de ces crédits et promouvant une agriculture plus durable.

5. ALLER PLUS LOIN

Carbon and Nitrogen Mineralization of Common Organic Amendments in Olive Grove Soils
Par Pablo Domouso, Evangelina Pareja‑Sánchez, Julio Calero, Roberto García‑Ruiz. Les couverts contribuent à la séquestration de carbone tout en restant une source d’azote disponible. Cet article est une référence pour comprendre la contribution réelle des pratiques agricoles à la séquestration du carbone — notamment la durabilité du stockage selon la nature de l’amendement.

 

LA SÉRIE EXPOLIVA

[3/4] EXPOLIVA 2025 : métaux lourds et phtalates
[2/4] EXPOLIVA 2025 : Secanos Vivos
[1/4] EXPOLIVA 2025 : Les huiles

SOURCES

Un proyecto cuantifica los créditos de carbono del olivar tradicional

El proyecto C-Olivar avanza en la medición del secuestro de carbono en el olivar

Does spontaneous cover crop increase the stocks of soil organic carbon and nitrogen in commercial olive orchard? Evangelina Pareja-S´anchez a, Julio Calero b, Roberto García-Ruiz
(Paru dans Soil & Tillage Research, décembre 2024)

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *