« Les Mots de l’Olivier », paru fin septembre 2017 aux Editions du Cherche-Midi, est un abécédaire qui aborde tous les aspects de l’« arbre de lumière ». Des origines mythiques à nos jours, des temples d’Athènes à celui de Jérusalem, de la Bible au Coran, de la Tunisie à l’Andalousie, c’est un passionnant voyage dans le temps et dans l’espace qui est proposé au lecteur, dans ce livre au ton alerte, souvent pimenté d’humour. Il s’agit de l’arbre, certes, mais aussi, très largement, de son huile, dont il est inséparable.
Un abécédaire
Ce n’est pas un livre d’images, on n’y trouvera pas les habituelles photographies d’oliviers, d’huiles ou de salades de tomates, mais la forme d’abécédaire apporte une grande légèreté à la lecture, et des illustrations graphiques rythment la mise en page. On y trouvera des « entrées » aussi variées que Appellation, Ardence, Athéna (alias Minerve), Feuille, Fleur, Jarre, Mouche, Moulin, Palestine, Oléologie, Oméga 9, Toscane, Récolte etc. Voici deux extraits:
Récolte
(…) Etre juché sur son échelle, ou mieux encore, en équilibre sur une haute branche, agrippé d’une main à une autre plus haute encore, la joue rudement caressée par les feuilles rigides et pointues, est une joie. « Ce contact avec la nature te rend plus humain, tu te sens faire partie de l’univers ; faire de l’huile est véritablement chose homérique », dit l’Américain (italianisé) Tom Mueller… On serait tenté de mordre aux olives que l’on recueille ; on ne le fera pas deux fois, tant leur amertume est grande, cette amertume que chassera soit la presse, soit la mise en saumure. On attrape un rameau léger, dont les olives brillent au soleil, taches noires à contre-jour, et on le caresse, on le trait comme on trairait un pis. Il faut le saisir à son extrémité, refermer fermement la paume et la faire descendre le long du rameau. Les olives viennent, mais sans mollesse, car leur attache est robuste… Les muscles du cou se tendent, le bras fatigue, mais le ramassage des olives sans fatigue ne serait plus une joie, juste un petit plaisir. L’effort est ce qui sépare le petit plaisir de la joie.
Crète
Si la Grèce est la nation du monde la plus consommatrice d’huile d’olive avec une vingtaine de litres par an et par habitant, la Crète en est l’exaltation. Si elle n’était pas une île, elle serait, au contraire, une mer d’huile. A Kritsa, non loin d’Aghios Nikolaos, ce sont cinquante litres qui s’éclusent par gosier. Au fond, cela ne représente jamais qu’un bon verre par jour, et on n’est pas obligé de le boire d’un seul coup. Les Crétois accompagnent cette huile, fondement de leur régime alimentaire et de leur conception du monde, de condiments divers tels que légumes, poissons grillés, fruits et céréales. C’est le régime crétois, que l’on dit encore méditerranéen, car il est partagé avec plus ou moins de zèle par bien des peuples de Mare Nostrum depuis des millénaires. C’est un médecin américain, Ancel Keys, qui, à partir des années cinquante, en découvrit scientifiquement les effets… Devant la résistance des amateurs de ketchup, il fallut encore des décennies d’études croisées pour que la vérité s’impose : le régime méditerranéen est bel et bien le meilleur qui soit, non seulement vis-à-vis du risque cardio-vasculaire mais aussi pour la prévention de bien d’autres maladies. Si les Crétois finissent par mourir, c’est généralement d’une chute de vélo inopinée. C’est du moins ce qu’on est amené à conclure par élimination successive, grâce à l’olivier, des infarctus, AVC, cancers variés, diabète, peste et choléra.
Des citations
Des citations de grands écrivains, d’Homère à Giono, bien mises en valeur, viennent rappeler l’importance de l’olivier dans la civilisation méditerranéenne. Du reste, ce livre s’honore d’une préface de Sylvie Giono, fille du grand écrivain de Manosque, où elle raconte ses souvenirs de récolte en compagnie de son père. Et c’est encore une citation de ce dernier qui figure en exergue : « Nous sommes de la civilisation de l’olive, nous autres. Nous aimons l’huile verte, l’huile forte, celle dont l’odeur dispense de lire l’Iliade et l’Odyssée ».
Informations pratiques
« Les Mots de l’Olivier », paru fin septembre 2017 aux Editions du Cherche-Midi.
L’auteur: Eric Dautriat, n’en est pas à son premier livre -il a écrit à ce jour trois romans et un autre abécédaire, sur… la conquête spatiale- vit à Nyons, et l’on peut deviner sans peine que c’est là qu’il a contracté sa passion de l’olivier. De fait, une large part est faite à la Provence au fil des pages. C’est un livre à recommander à tous les amoureux de l’olivier et de son huile !
Le blog: L’Odyssée de l’Olivier
Disponible en librairie et bien sûr sur Internet (FNAC, Amazon, etc.)
Son prix: 15€