L’huile d’olive, le nouveau quinoa ?

Sejour en Tunisie - 2007
Séjour en Tunisie à Hammamet. Septembre 2007


Comme le quinoa au Pérou, l’huile d’olive est devenue un produit de luxe dans certains pays producteurs.

Il y a quelques années, on apprenait que la mode du quinoa chez les consommateurs bobos avait créé une hausse des prix insoutenable pour les consommateurs péruviens pour qui cette céréale était l’aliment de base depuis des siècles. Cette situation ubuesque où les habitants ne peuvent plus se permettre de consommer leur propre production est malheureusement loin d’être unique. Le Mexique en a aussi fait l’expérience avec ses avocats et nous découvrons désormais que c’est le tour des pays du sud de la Méditerranée avec… l’huile d’olive !

Quelques indices :

  • Le 4 novembre, le ministre du commerce tunisien a fixé la marge bénéficiaire pour la revente d’huile d’olive à 15% pour tenter de lutter contre l’inflation des prix.
  • Le 14 novembre, la consommation d’huile d’olive en Algérie est tombée de 7 litres en 2010 à 1,5 litre par an par habitant cette année. La raison ? Des prix de vente trop élevés.

Acclamée en raison de ses vertus pour la santé, la consommation d’huile d’olive dans le monde (riche) a été multipliée par deux en 25 ans. Une croissance de la demande qui s’accompagne d’une montée des prix : la célèbre loi de l’offre et de la demande en somme.

Les producteurs sont-ils devenus riches au moins ? Hélas non !

Malheureusement, ce n’est pas si simple. Si le prix de vente aux consommateurs, en Tunisie comme en France, augmente, cela ne veut pas dire que les producteurs ont été mieux rémunérés.

Ce sont les quantités produites à l’échelle mondiale bien plus que la demande finale des consommateur qui dictent les fluctuations du prix du kilo d’huile à la coopérative. Par conséquent, au lieu d’augmenter, les prix sont très volatiles et rémunèrent toujours moins bien les producteurs.

En Tunisie par exemple, l’huile vierge extra s’échangeait moins de 3,50€ le kilo ces dernières semaines, soit près de 20% de moins que l’année dernière. Les producteurs doivent aussi faire face à de nouveaux défis. Avec le réchauffement climatique, les fluctuations du climat sont plus fortes que jamais. Plus anecdotique mais pas moins inquiétant, dans certaines régions de Tunisie, les producteurs font appel aux services d’agents de sécurité armés pour garder les oliveraies et ne pas risquer d’avoir leurs olives volées pendant la nuit ! Une charge financière de plus à ajouter à la main d’oeuvre pour la récolte, au matériel, à l’eau…

En Grèce, la situation financière est encore plus dramatique. L’année dernière, en raison de l’absence de pluie, la production a baissé de 30% et pour couronner le malheur des producteurs, les prix à la coopérative ont été particulièrement bas, descendant jusqu’à 2,50€ le litre.

Mais dans ce cas, pourquoi le prix de vente, lui, augmente-t-il même dans les pays producteurs ?

Dans les pays du Maghreb comme partout en Méditerranée, les producteurs ne sont pas maîtres de leur destin car ils vendent leur huile aux coopératives locales qui, à leur tour, se tournent vers des négociants qui revendent aux géants de l’agro-alimentaire. La Tunisie exporte plus de 80% de son huile, le marché extérieur étant considéré comme bien plus juteux que son marché intérieur. Logiquement les prix pour le peu d’huile qui reste en Tunisie montent en flèche.

Ajoutez à cela l’effet de change entre le dinar et l’euro et on ne sera pas étonné de constater que le prix de l’huile d’olive a plus que doublé en cinq ans en Tunisie.

Les Grecs semblent eux encore épargnée par cette cruelle loi de l’offre et de la demande et la Grèce reste le premier consommateur mondial d’huile d’olive. La raison principale étant l’attachement des grecs à leurs oliviers. La production grecque demeure morcelée, chaque famille produisant son huile : une partie se retrouve sous l’évier de la cuisine, dans des gros bidons de cinq litres, et le surplus est vendu à la coopérative locale.

On m’a souvent dit qu’un Grec préfère vendre sa maison que ses oliviers.

Même s’ils ne rapportent rien, les oliviers restent dans la famille. L’avantage, c’est que personne ou presque n’achète son huile ! Le terrible désavantage c’est que le rapport de force entre des micro-producteurs et des géants de l’agro-alimentaire est trop inégal.

Alors que faire ?

Si Cuba a trouvé une solution radicale avec son système à deux monnaies, celle des touristes et celle des locaux, il semble peu probable qu’un pays méditerranéen s’y convertisse de si tôt.

En tant de consommateur, on peut s’attacher à privilégier les filières courtes, celles qui rémunèrent les producteurs au juste prix. Le développement de ces filières alternatives permet de faire retomber la pression financière de cette économie globalisée où une grosse tempête en Andalousie a un impact sur les prix à l’Est de la Crète. Car les filières courtes sont aussi celles qui n’imposent pas leurs prix aux producteurs et qui ne renégocient pas chaque année.

 

Le projet Adravasti, adopte un olivier s’inscrit justement dans cette démarche : créer un cercle vertueux entre des producteurs et des consommateurs, supprimer les intermédiaires et valoriser les cultures bio. La politique d’achat est transparente : 5,50€ pour l’huile et sa mise en bidon vont dans la poche du producteur. Ce prix est le même les bonnes et les mauvaises années. Il permet par exemple à Manolis, notre producteur, de continuer à embaucher des travailleurs, même après une récolte modeste. Je vous attends sur adravasti.fr pour aller plus loin. Et comme c’est bientôt Noël, Adravasti propose même de supers coffrets à offrir à tous vos proches.

 

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