Contamination des huiles d’olive : focus sur les MOSH, MOAH et autres contaminants indésirables

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En 2023, le magazine 60 Millions de consommateurs a mis en lumière une réalité alarmante : la contamination des huiles d’olive par divers composés toxiques, parmi lesquels les hydrocarbures d’huiles minérales (MOSH et MOAH), les phtalates et autres contaminants. L’origine de ces substances est variée et sérieux sont les risques pour la santé des consommateurs. Une réglementation sur les MOAH devrait voir le jour fin 2024 début 2025.

Les principaux contaminants retrouvés


Les hydrocarbures d’huiles minérales : MOSH et MOAH

Les hydrocarbures MOSH (hydrocarbures saturés) et MOAH (hydrocarbures aromatiques) sont des contaminants chimiques d’origine pétrolière. Les MOAH présentent un risque particulier en raison de leurs propriétés cancérogènes et génotoxiques, surtout pour les molécules à 3 cycles aromatiques et plus. Une contamination peut survenir à divers moments : pendant la récolte (lubrifiants des engins agricoles), le stockage, le transport ou la transformation.

En 2023, les seuils européens pour les MOAH ont été fixés à 2 mg/kg pour les huiles et graisses, tandis que les MOSH ne bénéficient pas encore de limites réglementaires claires, faute de données toxicologiques suffisantes. L’EFSA (Autorité européenne de sécurité des aliments) recommande cependant de limiter l’exposition à ces hydrocarbures.

Les phtalates
Ces plastifiants sont ajoutés aux matériaux plastiques pour leur conférer souplesse et résistance. Bien que la réglementation interdise certaines molécules de phtalates dans les matériaux en contact avec des denrées grasses, des contaminations persistent. Elles proviennent souvent des tuyaux, des bâches ou des réservoirs utilisés pour le stockage et le transport des huiles.

Le magazine 60 Millions de consommateurs a décelé la présence de phtalates dans 23 huiles sur 24 analysées, principalement le DINP, le DEHP (perturbateur endocrinien avéré et toxique pour la reproduction) et le DBP, soupçonné de bioaccumulation.

Les métaux toxiques

Les métaux lourds comme le plomb, le cadmium ou le chrome proviennent principalement de la contamination des sols. Leur accumulation dans l’organisme peut entraîner des effets néfastes à long terme sur la santé.

Les mycotoxines

Ces toxines naturelles, produites par des moisissures, contaminent les huiles lorsque les matières premières sont mal conservées.

Les produits phytosanitaires
Les insecticides, herbicides et fongicides utilisés pour la protection des cultures peuvent laisser des résidus dans les huiles d’olive.

Les dioxines et PCB
Ces substances, issues des procédés d’incinération ou de la fabrication d’herbicides, s’accumulent dans la chaîne alimentaire. Leur présence reste toutefois marginale dans les huiles d’olive.

Les origines multiples de la contamination

La contamination des huiles d’olive provient principalement :

  • De l’environnement agricole : sols pollués, produits chimiques utilisés pour les cultures.
  • Du stockage et du transport : matériaux inadaptés, comme les tuyaux et bâches plastiques.
  • Des procédés de transformation : réservoirs, cuves, lubrifiants des machines.

Réglementations en vigueur

La Commission européenne a récemment proposé une réglementation visant à établir des teneurs maximales en hydrocarbures aromatiques d’huiles minérales (MOAH) dans les denrées alimentaires. Cette initiative fait suite à des préoccupations croissantes concernant la présence de ces contaminants potentiellement cancérogènes dans les aliments.

Propositions actuelles

-MOAH (C10-C50) les teneurs maximales proposées sont les suivantes :

  1. Produits à faible teneur en matières grasses (≤ 4 % de matières grasses) : 0,5 mg/kg
  2. Produits à teneur modérée en matières grasses (> 4 % et ≤ 50 % de matières grasses) : 1,0 mg/kg
  3. Produits riches en matières grasses (> 50 % de matières grasses) : 2,0 mg/kg

Ces valeurs sont basées sur des rapports antérieurs, notamment celui du Centre commun de recherche (JRC) de l’UE publié en 2019, qui a établi des critères de performance pour l’échantillonnage et l’analyse des hydrocarbures d’huiles minérales. Une mise à jour de ce rapport a été publiée en avril 2023, précisant que les MOSH et MOAH totaux devaient être rapportés pour les chaînes carbonées allant de n-C10 à n-C50.

Calendrier d’adoption : La Commission européenne a présenté un premier projet de règlement à la fin de l’année 2023. Les discussions sont en cours au niveau de l’UE pour affiner ces propositions, avec pour objectif d’adopter la réglementation d’ici la fin de l’année ou au début de l’année 2025. L’objectif est d’intégrer ces teneurs maximales dans le règlement européen sur les contaminants (UE) 2023/915. Par ailleurs, des discussions sont en cours pour inclure une teneur maximale en MOAH dans les spécifications des additifs alimentaires via le règlement (UE) n° 231/2012.

– MOSH : une limite de 15 mg/kg est discutée pour les huiles végétales et animales, bien que les risques soient jugés moins critiques pour le moment.
– Concernant les PHTALATES, même si aucune limite globale n’existe, certaines molécules sont interdites dans les matériaux destinés à entrer en contact avec des denrées alimentaires grasses.

Un projet ambitieux FRANCE OLIVE et UNAPROL

Les deux organisations uniront leurs forces pour développer un nouveau projet visant à garantir la qualité et la sécurité de l’huile d’olive vierge extra. La surveillance a porté sur un large éventail de substances, notamment : produits phytosanitaires, métaux lourds, plastifiants, huiles minérales (MOSH/MOAH). Ces lignes directrices permettent aux différents acteurs de la chaîne d’approvisionnement de prévenir les risques de contamination.

En ce qui concerne le contrôle des produits vendus au consommateur final, des activités de surveillance ont été menées sur les produits traçables selon la norme UNI EN ISO 22005/08 et ceux qui font partie des systèmes de qualité reconnus, dans le but d’analyser les risques et les points de contrôle critiques.

Les résultats du contrôle de la qualité des huiles ont confirmé que les productions françaises et italiennes sont de haute qualité et présentent un excellent profil de sécurité alimentaire.

Comment les consommateurs peuvent-ils choisir une huile qui garantisse également la sécurité alimentaire en attendant la réglementation et le contrôle?

Certifications de production : Chercher à obtenir des certifications pour l’agriculture biologique de l’UE ou des méthodes de production intégrée.

Certifications volontaires : recherchez des certifications de produit ou de système telles que les normes GSFS/IFS/ISO 22005/08.

Quels risques pour la santé ?

    • MOAH : les molécules aromatiques à 3 cycles ou plus sont cancérogènes, mutagènes et génotoxiques.
    • Phtalates : perturbateurs endocriniens avérés, ils affectent la reproduction et peuvent bioaccumuler*.
    • Métaux lourds et produits phytosanitaires : effets toxiques à long terme.

*une substance chimique, comme un contaminant, s’accumule progressivement dans les tissus d’un organisme vivant (humain, animal ou végétal) au fil du temps, sans être éliminée efficacement. Cette accumulation se produit généralement lorsque l’exposition à la substance est plus rapide que son élimination. Les substances bioaccumulatives, comme certains phtalates ou métaux lourds, peuvent atteindre des concentrations élevées dans l’organisme et entraîner des effets toxiques à long terme, même si les expositions initiales sont faibles.

Conclusion : un contrôle renforcé nécessaire

La contamination des huiles d’olive par les MOSH, MOAH, phtalates et autres substances met en lumière l’urgence d’adopter des mesures plus strictes à chaque étape de la production. Le respect des nouvelles réglementations européennes, combiné à des matériaux adaptés pour le stockage et le transport (à base d’huiles minérales conformes à un usage alimentaire), est indispensable pour garantir la sécurité des consommateurs. La vigilance s’impose également face à de nouveaux contaminants comme les PFAS et les microplastiques, qui présentent des risques croissants pour la santé humaine et l’environnement.

Il est essentiel de noter que ces propositions sont encore en discussion et pourraient évoluer avant leur adoption finale. Les parties prenantes de l’industrie alimentaire sont encouragées à suivre de près ces développements pour assurer leur conformité aux futures exigences réglementaires.

 


Techno’huile 2024 – Huile d’olive et contaminants : point à date et focus sur les MOSH-MOAH

Découvrez dans cette vidéo la présentation de Lionel Lagardère, Responsable de Production Analyse – Chargé d’Affaires – ITERG, à propos des MOSH-MOAH (comprendre « hydrocarbures saturés d’huiles minérales » et ‘hydrocarbures aromatiques d’huiles minérales ») dans l’huile d’olive.
Cette présentation a eu lieu à l’occasion de Techno’huile 2024, le rendez-vous annuel des professionnels de l’huile d’olive, de sa fabrication à sa mise en marché.

[Glossaire] R de raffinage
Des huiles … pas si végétales

Sources :

https://www.eurofins.de/food-analysis/food-news/food-testing-news/eu-guideline-for-moah-in-foodstuffs
Essai comparatif: Plastifiants, hydrocarbures… Trop d’huiles d’olive sont polluées !Journaliste : Patricia Chairopoulos. Ingénieur : Antoine Haentjens, Techno’huile 2024 – Huile d’olive et contaminants : point à date et focus sur les MOSH-MOAH. Un projet ambitieux FRANCE OLIVE et UNAPROL, Articles le 18/12/2024 et 18/12/2024
https://www.olimerca.com//noticiadet/unaprol-y-france-olive-se-unen-en-defensa-de-la-calidad-del-aceite-de-oliva/1e748a217c29caca51dd9ec6bc040220
https://www.prnewswire.com/fr/communiques-de-presse/un-projet-ambitieux-pour-proteger-la-sante-des-consommateurs-et-valoriser-lexcellence-de-lhuile-dolive-vierge-extra—france-olive-et-unaprol-302334778.html
Image : https://www.gerstelus.com/blogs/safeguarding-consumer-health-the-importance-of-mosh-moah-analysis-in-food-and-cosmetics/

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